Stéphane Lafleur s’offre pour une deuxième fois sa promenade en terrain de jeu pour synthés modulaires grace à son projet Émérance. Un Tour de machine minimaliste et comptemplatif à souhaits. Six apaisantes compositions minimaliste oui mais presque mélodiques. Chaudes et cristallines les sonorités que l’on y entend nous bercent tout du long de ce Tour de machine aux travers de grands espaces méditatifs.
Il a commencé 2020 avec un album surprise: Music to Be Mudered By; et voilà qu’Eminem vient clore cette même année avec une Deluxe Edition sous-titré Side B. Une collection de 13 nouveaux tires (et 3 interludes). Sauf que, cette fois je n’embarque plus vraiment. De ses excuses envers Rihanna (bruits de blogger qui tousse) à ses fresques pour l’égalité de genre, de sexe et de couleur; il repart dans ses délires misogynes et son amour de la violence et la vulgarité gratuite. Bref rien debien nouveau. Eminem est un rappeur habile mais ses rythmiques se ressemblent maintenant beaucoup trop les unes des autres. Décevant.
Désormais une tradition du Temps des Fêtes chez Slam Disques / Hell For Breakfast, ou encore une espèce d’échappatoire à la musique de Noël, voici Zoo 5, l’édition 2020 de la compilation de reprises de chansons de tout acabit ayant pour seule condition que ça se passe en français. Avec en résidence les Slater & fils, O Linea, Hate it Too, Thick Glasses, SXNDRXM, Rouge Pompier, Oktoplut, Kamakazi, Noé Talbot, Guerilla Poubelle, Sudden Waves, Les Sania, Fuck Toute, Pogo Car Crash Control, les Slam Chicks, Varlope et Feuyemobil: Le pléonasme de Magog. Il faut dire que cette année ça brasse dans le Zoo et encore une fois, même sans contrainte, les groupes présents semble avoir trouvé une certaine cohésion de ton. Punk dans l’âme et dans sa livraison, Zoo 5 décoiffe avec aplomb mais aussi avec, pour la première fois, un certain sentiment de moquerie sur quelques titres (Harmonium, Indochine) dommage. Cela dit, ce Zoo 5 ratisse large (de Plume à Sloan en passant par Daniel Bélanger et Bébé requin- WTF!!!), mérite pleinement des nombreuses écoutes et souhaitons qu’il atteigne la demie-douzaine en 2121!
Voici la liste des 20 albums m’ayant le plus fait vibrer en 2020! Qu’en dites-vous?
Comme à chaque fin d’année, j’ai le plaisir de vous présenter mon Top 20 des albums qui m’ont le plus réchauffés le coeur et les oreilles au cours de 2020!
20e position: Antoine Corriveau – Pissenlit
19e position: Beyries – Encounter
18e position: Gab Bouchard – Triste pareil
17e position: Thundercat – It is what it Is
16e position: Jimmy Hunt – Le Silence
15e position: Fiona Apple – Fetch the Bolt Cutters
14e position: Louis-Jean Cormier – Quand la nuit tombe
13e position: David Goudreault – Le Nouveau Matériel
12e position: Rufus Wainwright – Unfollow the Rules
11e position: Gaël Faye – Lundi méchant
10e position: Les Passagers – Les Oiseaux
09e position: Taylor Swift – Folklore
08e position: Mara Tremblay – Uniquement pour toi
07e position: Benjamin Biolay – Grand Prix
06e position: Run the Jewels – RTJ4
05e position: Bruce Springsteen – Letter to You
04e position : Trivium – What the Dead Men
03e position : Dany Placard – J’connais rien à l’astronomie
02e position : Klô Pelgag – Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
1re position : Maude Audet – Tu ne mourras pas
Pour leur premier album en 27 ans, le groupe canadien Glass Tiger revient avec un son plus Pop et plus doux mais surtout avec un album composé majoritairement de nouveaux chant de Noël avec en prime un chanson en français en duo avec Roch Voisine. Bon, Songs for a Winter’s Night ne risque guère de recréer l’engouement de 1986 avec Don’t Forget Me (When I’m Gone) mais pour quiconque y prêtera l’oreille retrouvera une voix juste et chaleureuse dans un univers musical festif mais sans excès. Bref des Chansons pour une nuit d’hiver douce au coin du feu.
C’est à Simon Leclerc, chef d’orchestre et arrangeur que revient l’idée de créer une partition symphonique de l’œuvre d’Harmonium. Le résultat de cette audacieuse création s’avère magistrale! Somptuosité et émotion sont au rendez-vous durant les deux heures et plus que dure l’album. Une sorte de poème instrumental symphonique et hautement mélodique sans paroles mais avec chœurs des Petit chanteurs de Laval ainsi que voix de Luce Dufault (Wow!) et Kim Richardson. Un moment d’apesanteur magnifique mais j’aurai peut-être aimé que les textes se retrouve tout de même dans le livret car Harmonium sans la prose de Fiori…
Après l’intéressant Migration Stories, paru un peu plus tôt cette année, M. Ward est de retour avec Think of Spring, une série de pièces originalement enregistrées par Billie Holiday. Se voulant une œuvre intime et de simplicité, ce Think of Spring s’avère plutôt être embryonnaire et linéaire. Avec tout de même quelques bons moments, les meilleurs rappelant Damien Rice, l’album demeure inachevé. Pour les inconditionnels uniquement.
Un premier cadeau de Noël en avance et un deuxième pour l’année 2020 de la part de Taylor Swift. Après Folklore en juillet dernier voici Evermore. Un album plus Pop que Folklore mais moins sucré que Lover. Crée dans la continuité du précédent, Evermore est plus généreux au niveau des sonorités. Souvent dans l’émotion, Evermore présente une Taylor Swift adulte qui n’hésite guère à se remettre en question. Réconfort mais aussi blessures forment un tout porteur d’espoir.
Ce McCartney III, suite logique de McCartney II (1980), lui-même suite de McCartney (1970) s’avère également une œuvre construite seule à la maison. Moins ambitieux que son Egypt Station, mais surtout plus libre. Dans ma tête, l’image d’un jeune Paul jouant dans son carré de sable m’apparaît. Comme si Sir Paul ne s’était donné comme contrainte que celle de se divertir à fond. Pas le clown qui cabotine mais celui qui s’amuse avec son joujou préféré… son studio. Varié, McCartney III est plus brut, plus spontané et les idées y foisonnent avec un plaisir contagieux.
Une semaine après avoir proposé, la magnifique bande originale du documentaire Les Filles montagnes, Viviane Audet propose la BO d’un autre documentaire, celui-là sur le regretté Claude Lafortune par Tanya Lapointe. Cette fois, elle n’est pas seule puis-qu’elle retrouve ses acolytes de Mentana: Robin-Joël Cool et Alexis Martin. Tout en douceur, à l’image du protagoniste Lafortune en papier découpe des petites œuvres éphémères mais d’une grande candeur.
Cela fait 10 ans que je suis la carrière de l’auteur, compositeur, interprète Auguste. Afin de clore cette première décennie de façon intimiste et acoustique, il propose le EP Ici la lune ne brille pas (2010-2020) prouvant toute la maturité artistique gagnée au cours de ces dix ans. Ainsi, Auguste laisse éclore toute la fragilité mais aussi la puissance de ses mots. L’aboutissement d’un parcours intense, émotif et magnifique.
Grand fan de l’œuvre de Tori Amos mais très grand fan de son album Midwinter Graces paru en 2009, je souhaite depuis une suite à l’œuvre. En 2020, avec Christmastide mon souhait est maintenant réalité… peut-être même un peu trop… C’est que ce nouvel EP d’une quinzaine de minute semble être constitué de restants du LP de 2009. Avec toutes l’intensité légendaire de l’artiste bien présent, les chansons Christmastide se ressemble un peu trop mais n’empêche que l’œuvre possède un petit quelque chose de fantastique et original.
David Goudreault, romancier et poète, propose avec Le Nouveau Matériel, son quatrième album. Véritable plaidoyé pour la visibilité de la poésie (bien sur avec la chanson de cloture, la sublime J’en appelle à la poésie) tout au long de l’album. Il y déverse avec richesse et justesse sa soif de justice et son désir d’égalité des genres. Il y aborde aussi les limites de la communication en lançant un appel à l’instrospection. S’il prouve à nouveau la virtuosité de sa plume (comme si c’était encore nécessaire), il démontre aussi tout son ouverture d’esprit face à la musique en s’aliant à Manu Militari pour la réalisation de ce Nouveau Matériel en même temps qu’à Florence K, Louis-Jean Cormier, Ariane Moffatt, Luce Dufault et Alex McMahon. Certain dénoteront peut-être une certaine lourdeur dans l’ensemble de l’oeuvre mais pour David, ce n’est plus le temps de jouer à l’autruche. Conséquemment, il n’hésite pas à dire les choses de manière aussi vivifiante et puissante.
Bien que l’on y entende une reprise de Tom Petty (Christmas All Over Again) et de John Lennon (Happy Xmas (War is Over)), Seasonal Shift demeure dans la tradition des albums de Calexicon soit une œuvre mêlant habilement exotisme et Folk. Plutôt joyeux pour un album de Calexico Seasonal Shift s’avère aussi plutôt éparpillé… un peu à l’image du temps des fêtes. Souvent enclins à la réflexion Seasonal Shift reste un ajout intéressant à la discographie du groupe mais également aux albums de Noël.
Aboutissement d’un projet en chantier depuis près de 25 ans, Odin’s Raven Magic. Cette collaboration entre les islandais et Hilmar Örn Hilmarsson, ainsi que Steindór Andersen et Maria Huld Markan Sigfúsdóttir s’avère froid et par moments soporifique mais contient aussi des moments de grâce en. Inné partie dû à une riche orchestration.
Frédéric Bussières - Parapet Musical 